Anticlinal de Durbuy
L’anticlinal de Durbuy (ou Rochez de la Falize ou Al Rotche al Falèye) plus connu par les géologues sous le nom d’anticlinal d’Omalius est localisé à quelques pas du centre de la petite ville de Durbuy.
Un anticlinal est un pli en forme de dôme ou de A affectant des roches. Le pli en forme de V est un synclinal. Ce rocher est un exemple particulièrement didactique d’un anticlinal.
Si l’anticlinal porte le nom d’Omalius, c’est en référence au géologue belge Jean-Baptiste Julien d'Omalius d'Halloy, largement reconnu comme le père de la géologie belge (1783-1875). Il a décrit ici, en 1806, une des premières représentations d’une structure anticlinale. On doit aussi à d’Omalius la paternité de l’étage Famennien et la découverte de l'halloysite, un minéral décrit formellement en 1826 par l'ingénieur des mines français Pierre Berthier. De 1815 à 1870, d’Omalius occupe différentes hautes fonctions politiques.
Cet anticlinal est formé de calcaires frasniens bien stratifiés de la Formation de Philippeville. Ce sont des calcaires gris à noir en gros bancs constitués d’une alternance de bancs récifaux (stromatopores, coraux) et de bancs plutôt laminaires.
Si l’on remonte dans le temps, au Frasnien, la géoparc se situe sous le tropique dans une mer chaude. Sur le fond de celle-ci se succèdent des couches d’organismes constructeurs que le géologue appelle biostromes et des dépôts de boue carbonatée. Les calcaires se sont donc déposés ou édifiés entre 383 et 37 millions d’années et était formés de bancs en position horizontale.
Le cœur de l'anticlinal est occupé par de la dolomie. Durant la diagenèse des solutions aqueuses riches en magnésium (Mg) circule dans les pores du sédiment et provoquent le remplacement partiel ou total de la calcite par de la dolomie.
Pour évoluer vers l’aspect que nous lui connaissons aujourd’hui, il a fallu que les bancs soient comprimés, par exemple lors de l’édification d’une chaine de montagne. En Wallonie, cela s’est produit entre 325 et 300 millions d’années : la chaîne varisque. Les couches calcaires de Durbuy ont subi des poussées NW-SE. En simplifiant, elles ont dans un premier temps provoqué une déformation plastique (molle) responsable du plissement (succession d’anticlinaux et de synclinaux) et dans un second temps induite une déformation cassante à l’origine des failles. En effet, lorsque la déformation devient trop forte ou que le sédiment est trop induré, les bancs se cassent. Le visiteur attentif constatera que l’anticlinal est parcouru de deux failles de direction opposées.
Ensuite, cette montagne fut érodée jusqu’à se transformer en un relief plat et monotone : une pénéplaine. Ce relief coupe les structures comme ce pli par une surface plus ou moins plane. Enfin, les rivières s’enfoncèrent dans ce socle rocheux pour nous donner les paysages actuels.
Le point culminant de la ville se trouve au sommet de l’anticlinal et offre un magnifique point de vue sur la plus petite ville du monde, son château et la vallée de l’Ourthe.
L’anticlinal est encadré de schistes de la Formation de Neuville (Frasnien). Ils sont visibles au nord (schistes à nodules calcaires de teinte gris-brun).
La structure anticlinale est légèrement déjetée vers le sud et on note aussi l’existence d’une cavité à proximité du cœur du pli. Une autre structure analogue du géoparc est l’anticlinal des Grignaux à Han-sur-Lesse.
Une série de photos prise par drones en mai 2024 ont permis de réaliser une modèle 3D précis du Geosite qui servira ensuite à des fins de médiation et si besoin de conservation. Lien vers le modèle 3D (en anglais)
https://sketchfab.com/3d-models/durbuy-anticline-dd0640577cb241e3bca99e6ea5b4fef5
En 2023, l'anticlinal de Durbuy a été proposé comme géosite candidat pour figurer dans la seconde liste des 100 premiers sites du patrimoine géologique de l'Union International des Sciences Géologiques.
Pour en savoir plus :
- DEJONGHE, L. et JUMEAU F., 2007. Les plus beaux rochers de Wallonie - Géologie et Petite histoire. Collection Geosciences du Service Géologique de Belgique, 358 p. ISBN : 978-2-9600676-0-6
- D’OMALIUS D’HALLOY J-B., 1807. Notice sur la disposition des couches du coteau de Durbuy. Journal des Mines, t.18, Paris, pp. 475-480.
- GROESSENS, E., 2008. Le Rocher d’Omalius à Durbuy (Belgique), une des premières représentations d’une structure anticlinale. Bulletin du GEST, 151, pp 2-11.
- MARION, JM et BARCHY, L. (sous presse 2007). Carte géologique de Wallonie. Carte Durbuy – Mormont n° 55/1-2, 1/25000. Service public de Wallonie.
